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Journal d'un végétarien
6 septembre 2009

L’étonnante vie émotive des poissons

Un fossé abyssal sépare les humains des poissons. Est-ce parce que ceux-ci vivent dans un environnement radicalement différent du nôtre ou parce que nous ne savons pas comment aborder ces êtres dépourvus de bras et de jambes, incapables de communiquer par des sons ou des gestes, ou encore parce que nous ne pouvons ni les caresser, ni vraiment jouer avec eux? Toujours est-il que nous éprouvons d'énormes difficultés à ressentir de l'empathie à leur égard et les considérons souvent à tort comme des êtres privés d’intelligence et de sentiments. Or, de nombreuses recherches démontrent exactement le contraire: très sensibles et très intelligents, les poissons ont un comportement social complexe.

Comportement social

  • Le gobiodon oculolineatus connaît une hiérarchie très stricte en matière de reproduction: les spécimens les plus grands ont la priorité. Ceux qui ne respectent pas cette règle sont exclus du groupe. Afin d’éviter d’incessants combats et de garantir la survie de l'espèce, les gobiodons se plient à ces règles. Pour ne pas mettre en péril l’ordre établi et représenter un danger pour leurs congénères situés à l'échelon supérieur de la hiérarchie, certains gobiodons seraient même capables de s'astreindre à un régime alimentaire sévère pour ne pas grandir.

  • Même séparés de leur banc depuis plusieurs mois, les guppys sont capables d’en reconnaître les membres lorsqu’ils croisent des congénères.
  • Au moment de la reproduction, les poecilia mexicana mâles exercent une influence les uns sur les autres lors du choix de la partenaire. Seuls, ils s’intéressent principalement aux femelles très fertiles de grande taille. En présence d’un rival, ils sont toutefois prêts, pour éviter les combats, à se replier sur une femelle «de second choix».

  • Dans le cadre d’une étude, des poissons étaient amenés à suivre un symbole précis pour trouver l’issue d’un labyrinthe. S’ils y parvenaient, les sujets étaient récompensés par de la nourriture. Tous les poissons étudiés ont fini par comprendre quel symbole il convenait de suivre pour recevoir à manger. Pour les chercheurs, cette forme d’apprentissage peut être comparée à la lecture.

Intelligence

  • Les requins sont d'excellents élèves: dans certains tests d’optique, ils sont même beaucoup plus performants que les chats.

  • Les poissons arc-en-ciel peuvent apprendre à se dégager d’un filet et se souvenir de la manière de faire jusqu’à onze mois plus tard.

  • « Nemo », le poisson clown mis en scène par Pixar, n’est pas le seul marathonien de son espèce. Les jeunes poissons clowns relâchés à plusieurs kilomètres du récif coralien où ils ont vu le jour sont en effet capables de retrouver leur chemin pour rentrer au bercail.

Le goût du jeu
Nombreux sont les témoignages qui indiquent que, chez les poissons, la recherche de nourriture n’est pas la seule occupation de la journée. Ils passeraient également une partie de leur temps à s’amuser:

  • Il arrive que des requins blancs rassasiés jouent avec des objets qui pendent à l'extérieur des coques de bateaux.
  • Des poissons sautent par-dessus des objets flottants (p. ex. des tortues).
  • Des poissons éléphants ont été vus en train de jongler avec des escargots posés sur leur rostre.

  • Des poissons chirurgiens remontent à la surface pour gober de l’air, replongent, expirent et poursuivent les bulles ainsi formées.
  • Sur certains sites de plongée, les poissons se laissent caresser par les plongeurs, juste parce qu'ils semblent apprécier cela.

  • Dans les stations de nettoyage tout le monde trouve son compte: les «nettoyeurs» se nourrissent et les «clients» se débarrassent de leurs parasites. Toutefois, l'indispensable nettoyage peut parfois se muer en séance de bien-être. En effet, certains poissons changent de couleur durant la procédure et révèlent par là leur changement d'humeur. Il y en a même qui ne rendent visite qu’à «leur» nettoyeur préféré, tout comme certains humains restent fidèles à leur coiffeur. Il n'est pas rare de devoir faire la queue pour obtenir un rendez-vous chez un nettoyeur particulièrement habile.

  • Sentiments et émotions

    Les moyens dont disposent les poissons pour communiquer et renseigner leurs congénères sur leur état d’esprit sont multiples:

    • Certaines parties de leur corps telles que la bouche ouverte, l'état des pupilles, les changements de pigmentation trahissent leurs émotions comme un véritable langage du corps.

    • Chez le requin-marteau, les chercheurs ont recensé neuf signaux corporels qui leur permettent de communiquer leur état émotionnel à leurs congénères.

    • Après avoir entendu la même musique pendant longtemps, certains requins commencent à bouger en rythme et à se tourner autour. D’autres réagissent de la même façon qu'à l'accouplement: ils se poursuivent mutuellement et se mordillent la nageoire codale. Durant l’expérience, un homard est même sorti chaque jour de sa cachette pour bouger en rythme dès que la musique retentissait.

    • Les évènements ont un impact sur l'attitude des truites arc-en-ciel. Même les individus les plus vaillants deviennent timides à force d'être vaincus au combat. A l’inverse, ils gagnent en assurance à chaque victoire.

    • Le mérou rouge et la murène sont en mesure de communiquer et de collaborer pour rechercher de la nourriture. En effet, avec les mouvements de sa tête, le mérou peut signaler à la murène la présence d'une proie cachée dans le récif.

    Stress
    De plus en plus d'études révèlent que les poissons ne sont pas dépourvus de conscience et d'émotions:

    • Chez les vertébrés, la douleur est transmise par des liaisons nerveuses. Or, les poissons en ont beaucoup.
    • La fréquence cardiaque augmente chez les truites lorsque les lèvres de celles-ci entrent en contact avec une substance malodorante. Dans ce cas, les truites s'agitent et se frottent les lèvres au sol ou aux parois de l'aquarium.

    • Le stress influe sur l’équilibre hormonal des poissons capturés. Ils retrouvent leur état normal 48 heures après la capture seulement. Le taux d’hormones reste évidemment plus élevé chez les poissons que l’on tue.

    Voilà quelques exemples qui démontrent que les poissons sont en mesure de ressentir des émotions et de constituer des liens sociaux. Au-delà de la raison, la compassion devrait constituer un moteur suffisant pour inciter chacun d'entre nous à préserver la vie et l’habitat de ces êtres vivants extraordinaires et silencieux.

    Bernadette Raschle

    Source: http://www.vegetarismus.ch/heft/f2008-1/poissons_emotions.htm 

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