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Journal d'un végétarien
11 septembre 2009

Les conséquences écologiques de la consommation de viande

La production mondiale de viande augmente

Bien que la consommation de viande dans les pays industrialisés soit en diminution depuis plusieurs années, la consommation mondiale est, quant à elle, en augmentation.
En 2005, au niveau mondial, 267 millions de tonnes de viande ont été produites. Depuis 1970 la production de viande a plus que doublé. L’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) prévoit que la production mondiale de viande pourrait passer à env. 300 millions de tonnes d’ici à 2016.

En 2007, la Suisse a consommé, à elle seule, 465000000 kg de viande (sans compter le sang, les os, etc.). Il en résulte des conséquences écologiques importantes au niveau mondial qui n’ont malheureusement suscité que trop peu d’attention jusqu’à présent.

En 2007, la Suisse comptait env. 1,6 million de porcs et plus d’1,5 million de bovins. 252800 veaux ont été abattus au cours de l’année.

Gaspillage des sols

Pour produire un kilo de viande, il serait possible dans un même laps de temps et pour une même surface de sol de cultiver 200 kg de tomates ou 160 kg de pommes de terre. En Suisse, approximativement 67% des terres cultivables sont utilisées pour élever du bétail et pour cultiver des céréales destinées à sa nourriture. Ces chiffres correspondent à la moyenne mondiale.
Aux Etats-Unis 230000 km2 sont nécessaires à la production de fourrage pour les animaux de rente, alors que seulement 16000 km2 (=7%) le sont pour produire des aliments végétaux. Le gaspillage considérable des sols pour la production de viande porte aussi préjudice à la forêt tropicale: en Amérique centrale, en quarante ans, 40% de la forêt tropicale totale a été défrichée ou brûlée, principalement pour faire place à des pâturages ou à la culture de fourrage pour les animaux.
L’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a constaté dans son étude publiée en 2006 que 70% du déboisement de la forêt amazonienne sont attribués à la pâture du bétail et qu’une grande partie des 30% restants est destinée à la confection de nourriture pour animaux. Dans cette même étude, la FAO a noté que 70% des terrains agricoles mondiaux sont dédiés à l’élevage du bétail. En 2004, L’UE a importé 1,5 million de tonne de viande dont plus d’un tiers vient du Brésil.

Avec la quantité d`eau necessaire pour produire 1kg de viande on pourrait se doucher quotidienne-ment pendant un an .

Consommation en eau

Les guerres du futur ne seront plus menées pour le pétrole mais pour l’eau. Un ménage moyen n’utilise pour sa boisson qu’entre 2 et 5 litres d’eau potable par jour et entre 100 et 500 litres à d’autres fins (douche, lessive, etc.). Ces chiffres sont négligeables comparés aux 2000 à 5000 litres d’eau nécessaires à la préparation des aliments d’une famille moyenne.

Dans la lutte contre la faim dans le monde, il n’est souvent question que des besoins alimentaires, alors que la quantité d’eau indispensable pour la production de ces aliments n’est pas prise en compte. Une conférence sur l’eau s’est tenue à Stockholm, avec pour objectif exclusif l’utilisation de l’eau par les humains. Des résultats intéressants y ont été mis au jour: si une famille utilise quotidiennement entre 2000 et 5000 litres d’eau par jour pour sa nourriture, cette quantité dépend largement de son type d’ali­men­tation. En moyenne, par an et par personne, ce sont environ 1200 m3 qui sont consacrés à la production d’aliments. Dans les régions du monde les plus pauvres, qui arrivent à peine à produire de la viande, cette valeur est estimée par an à 600 m3. A l’opposé, dans les régions où la consommation de viande est le plus élevée (Etats-Unis, Europe), ce sont 1800 m3 par an et par personne qui sont nécessaires. Une comparaison directe souligne encore davantage l’impact de la consommation de viande. Dans une alimentation suffisante, composée de 80% d’aliments végétaux et de 20% de produits animaux (dans les pays industrialisés, la quantité de produits animaux est actuellement entre 30% et 35%) la quantité d’eau utilisée est actuellement de 1300 m3 par an, alors qu’avec une alimentation végétarienne cette quantité diminue de près de moitié.

Les populations les plus pauvres souffrent tout particulièrement en raison de l`énorme quantité d’eau nécessaire pour produire de la viande.

En raison de la consommation croissante de produits animaux, il y a un besoin d’eau de plus en plus grand dans l’agriculture au niveau mondial. En Inde, dans de nombreuses régions, l’eau doit être pompée à une profondeur de plus de mille mètres. Il y a encore une génération, les paysans creusaient à la main pour atteindre des sources destinées à l’irrigation. Aujourd’hui, 95% des petites installations de pompage sont à sec. Il en va de même dans d’autres pays asiatiques.

De plus en plus de céréales et légumineuses sont destinées à nourrir les animaux de boucherie.

Gaspillage de nourriture

7 à 16 kg de graines de soja sont nécessaires pour produire 1 kg de viande. Voilà bien la manière la plus efficace de gaspiller la nourriture! Cette extension artificielle de la chaîne alimentaire, due à la transformation de céréales en viande, entraîne une perte de 90% des protéines, 99% des hydrates de carbone et 100% des fibres.
En plus, seule une petite part du corps de l’animal abattu est utilisée pour produire la viande consommée: 35% du poids d’un bovin adulte, 39% d’un veau (sans les os).

En Suisse, 66% des cultures sont destinées à la nourriture des animaux (en 2004). Aux Etats-Unis, cette proportion s’élève à 80% (pour nourrir 8 milliards d’animaux de boucherie). 90% du soja est utilisé pour nourrir le bétail au niveau mondial. A peu près un tiers des céréales produites mondialement est destiné à nourrir les animaux pour la production de viande. Si les Américains consommaient 10% de viande en moins, la quantité de céréales économisée pourrait nourrir 1 milliard de personnes souf­frant de la faim. Environ 1600000 tonnes de nourriture concentrée est distribuée au bétail en Suisse, des céréales pour la plupart.
La Suisse peut se permettre un tel gaspillage, ce qui n’est pas le cas des pays en développement: la FAO rapporte qu’en 1981, 75% des céréales en provenance des pays en développement ont été utilisées comme aliments pour les animaux d’élevage. Mais les cultures indigènes sont également en compétition avec les cultures mondiales pour le bétail: en Egypte, durant les 25 dernières années, les cultures de maïs pour le fourrage ont remplacé en partie les cultures de blé et de millet qui constituent une nourriture de base pour les humains! La part des cultures destinées à la nourriture animale est passée de 10% à 36%.
Le même phénomène s’est produit dans les autres pays qui ont augmenté leur consommation de viande.
Dans les années 1950 à Taïwan, 170 kg de céréales par habitant étaient nécessaires pour nourrir la population. En 1990, la consommation de viande et d’œufs a été multipliée par six. En conséquence, le besoin en céréales est passé à 390 kg à cause de l’extension de la chaîne alimentaire. Taïwan ne peut satisfaire cette demande croissante qu’en important des céréales, malgré une hausse des récoltes indigènes. Alors qu’en 1950 ce pays était exportateur de céréales, en 1990 il en importe 74% pour les besoins de nourriture du bétail.
La même situation est constatée dans les pays de l’ex-URSS: la consommation de viande a triplé depuis 1950 et la demande de céréales pour les animaux a quadruplé. En 1990 le bétail en ex-URSS a consommé trois fois plus de céréales que les êtres humains. Les importations de céréales comme nourriture pour animaux sont passées de zéro en 1970 à 25 millions de tonnes en 1990. Les pays de l’ex-URSS sont devenus les deuxièmes importateurs mondiaux de céréales pour animaux.

Les émissions d`ammoniac resultant de l`agriculture sont dues pour 90% au purin et au fumier.

Le purin: une cause de la mort des forêts

Les dernières recherches scientifiques montrent clairement que les élevages massifs d’animaux pour la boucherie et la production de lait constituent une des principales causes de la mort des forêts. Le biologiste Dr Hans Mohr affirme dans «Spektrum der Wissenschaft» de janvier 1994: «Après dix ans de recherche sur les causes de la mort des forêts, il est apparu qu’un des facteurs responsables est la quantité excessive de nitrates, particulièrement d’ammonium, dans l’atmosphère. Il est donc prioritaire d’en réduire la quantité dans les activités agricoles. […] Un problème crucial est le traitement des quantités croissantes d’excréments animaux et humains.»

De nombreuses plaintes sont émises à propos de la puanteur émanant des matières fécales provenant des étables. Et pourtant les conséquences écologiques de ces matières sont encore bien plus graves.

Aux Etats-Unis la pollution due aux éxcrements provenant des fabriques d`animaux est 130 fois plus élevée que celle provoquée par les humains.

De nos jours, les excréments humains sont traités pour la plupart dans des usines d’épuration. Par contre les déjections d’animaux sont toujours épandues sur les champs.
L’azote (N), disséminé sous forme d’ammoniac (NH3), responsable en grande partie de la mort des forêts, est causé pour deux tiers par les excréments du bétail.
L’azote, qui est le principal nutriment pour les prairies, les forêts et la vie aquatique, peut mener à une surfertilisation s’il est présent en excès. Ce phénomène a hélas été constaté trop tard. En effet, les forêts ont d’abord poussé plus rapidement avec le surplus d’azote, puis ont commencé à dépérir lorsque le sol est devenu saturé.
En 1992, le comité de recherche du gouvernement allemand chargé d’étudier la préservation du climat est parvenu aux mêmes conclusions. Sur le sujet des émissions d’ammoniac (NH3), il a publié un rapport intitulé: «Les changements climatiques menacent le développement national»:

«Les émissions de NH3 sont dues pour 90% à l’agriculture et pour 80% au bétail, et ce tant pour l’Allemagne que pour les pays de l’Europe de l’ouest et même globalement.
528000 tonnes d’ammoniac sont émises chaque année en Allemagne, on en trouve dans les élevages, sur les champs et dans le stock de fertilisants organiques. […] Les quantités d’ammonium et d’azote rejetées pourraient être réduites en diminuant le nombre d’animaux de boucherie, en changeant le mode d’alimentation, et en diminuant l’épandage de purin. […] C’est non seulement souhaitable d’un point de vue écologique, mais également d’un point de vue économique.»

«L’écosystème de la forêt est en déséquilibre et arrive dans une zone critique. Sa stabilité est menacée.»
Propos de Richard Volz, du Département de l’entretien des forêts à l’OFEFP, recueillis dans le magazine «ENVIRONNEMENT» 2/2004: «La pollution atmosphérique qui acidifie nos forêts»

Les poussières fines dues à la détention des animaux

L’ammoniac contenu dans les excréments animaux n’a pas seulement des conséquences néfastes telles les pluies acides. L’ammoniac génère aussi des émanations secondaires dans l’atmosphère sous forme de poussières fines (PM10) affectant la santé de l’humanité.
Le directeur de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP) estime le taux de mortalité à 3700 personnes par an due à la quantité de poussières fines. En outre, les coûts de la santé dus à ce problème s’élèveraient à 4,2 milliards de francs par an. Malgré cette lourde charge, il n’est jamais question dans le cadre de la lutte contre les poussières fines du rôle joué par la détention des animaux. Pour preuve qu’il est difficile pour les hommes politiques d’aborder ce problème on citera le conseiller fédéral Moritz Leuenberger, lors de sa conférence du presse du 2 février 2006 alors qu’il était président de la Confédération sur le thème des poussières fines. A la question posée sur le lien entre l’agriculture et les poussières fines, il s’est contenté de répondre: «Un sujet délicat.»

Pollution des eaux

L’ammoniac n’a pas seulement des conséquences néfastes sur les forêts et l’air, mais aussi sur l’eau. La sur-fertilisation cause la prolifération excessive d’algues, qui à leur tour absorbent l’oxygène de l’eau. Les élevages intensifs d’animaux, qui sont indépendants du sol, produisent de telles quantités de purin que les eaux souterraines sont sérieusement menacées. Un exemple: il faut 890000 tonnes de nourriture pour «produire» la viande de porc destinée à la population suisse. Cet élevage entraîne la formation de 2,5 millions de m3 de purin. En Suisse les lacs de Sempach et de Baldegg sont oxygénés artificiellement par d’énormes pompes, et dans de nombreuses régions agricoles du pays la population ne peut plus boire l’eau provenant des nappes phréatiques en raison de son importante pollution aux nitrates.
Environ 50% de la pollution des eaux en Europe est due aux élevages intensifs d’animaux. Les nitrates issus de l’agriculture ont pénétré si profondément dans le sol que certaines marques d’eaux minérales ne répondent plus aux normes de qualité exigées pour l’eau potable. Aux Etats-Unis la part de la pollution des eaux due à l’agriculture est plus importante que celle due à toutes les villes et industries réunies.

Excès d’acidification des sols

L’ammoniac et l’oxyde d’azote sont en grande partie responsables de la sur-acidification des sols. Ce phénomène a pris une telle ampleur qu’aux Pays-Bas, en 1989 déjà, les autorités se sont préoccupées du problème. Voici les résultats de l’Institut néerlandais pour la santé et la protection de l’environnement:
«Les nitrates qui proviennent du purin diffusent de l’ammoniac dans l’air et empoisonnent l’environnement. Ils causent les pluies acides et autres dépôts contenant des acides. En Hollande, la plupart des précipitations émanent des gaz d’ammonium provenant des élevages de bovins: elles causent plus de dommages au pays que les automobiles et les industries».
Même le sol des forêts qui ne reçoivent aucun traitement direct aux engrais contient 3 fois plus d’azote qu’il y a cinquante ans en raison de la pollution des nappes phréatiques.
L’Office fédéral de l’agriculture estime que 90% de l’ensemble des sols forestiers suisses présentent des taux critiques de dioxyde d’azote.

Rajendra Pachauri, président du Conseil sur le climat de l'ONU: «Mangez moins de viande – sa production entraîne de très importantes émissions de CO2.»

La production d’un kg de viande de bœuf est aussi nocive pour le climat qu’un déplacement de 250 km en automobile.

Effet de serre

Jusqu’à présent ce sont principalement le trafic automobile et l’industrie qui ont été rendus responsables de l’effet de serre. L’influence d’une agriculture basée sur les élevages intensifs d’animaux a été négligée. Ernst U. von Weizsäcker, chef de l’Institut Wup­per­tal pour le climat, commente: «L’impact de l’élevage de bovins sur l’effet de serre est le même que celui du trafic automobile si l’on considère les effets de la déforestation pour la transformation en pâturages pour les bovins d’élevage. […] La transformation de savanes en déserts, l’érosion des montagnes, les besoins gigantesques en eau pour les élevages de bovins, ainsi que l’énorme quantité d’énergie nécessaire à l’engrais­sement des animaux sont les conséquences désastreuses de notre appétit pour la viande!»

Il faudrait limiter la production de viande et de lait, notamment l’élevage bovin, extrêmement nocif pour le climat, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 60% à 80% en tout sur le long terme.

L’effet de serre est causé entre autres par trois gaz: le méthane, le dioxyde de carbone et l’oxyde d’azote. Tous les trois proviennent des méthodes d’élevage de masse du bétail. À eux seuls, les 1,3 milliard de bovins élevés dans le monde ne peuvent rien à ces émissions (dont sont indirectement responsables ceux qui mangent leur chair). 12% des émissions de méthane sont dues au 1,3 milliard de bovins vivant en permanence dans le monde.
L’élevage du bétail produit 115 millions de tonnes (115000000000 kg) de gaz de méthane annuellement.
L’effet est d’autant plus désastreux que l’on sait qu’une molécule de méthane contribue 25 fois plus à l’effet de serre qu’une molécule de dioxyde de carbone.
C’est une première: en 2006, une organisation des Nations unies s’est penchée sur les conséquences écologiques de la production de viande. Ce document de plus de 400 pages montre les conséquences désastreuses de cette production pour l’environnement à l’échelle de toute la planète:

  • L’élevage est aujourd’hui la cause principale de la destruction de la forêt en Amazonie.
  • La FAO s’attend à ce que la production mondiale de viande et de lait double au cours de la première moitié de ce siècle.
  • L’élevage contribue davantage au réchauffement climatique que la circulation automobile à l’échelle mondiale.
  • L’élevage est responsable de 68% des émissions mondiales d’am­mo­niac qui favorisent les pluies acides.
  • Les animaux d’élevage consomment près de 8% de l’eau potable mondiale et comptent donc parmi les plus grands consommateurs d’eau. A titre de comparaison: la con­sommation humaine directe (eau potable, douches, industrie, etc.) est d’env. 1%.
  • 33% (= 471 millions d’hectares) des terres cultivées dans le monde entier sont destinés à la production de nourriture des animaux d’élevage.

Les associations de protection de l’environnement recommandent souvent de consommer des produits régionaux et issus de l’agriculture biologique pour réduire les effets nocifs de notre alimentation sur le climat. Cependant, la consommation de produits biologiques ne représente pas à elle seule une solution pour résoudre le problème climatique. Des études réalisées par des scientifiques allemands ont montré que le fait de se nourrir de manière biologique ou conventionnelle importe moins que la quantité de viande de bœuf et de produits laitiers consommée pour réduire les émissions nocives. Cet exemple apparaît encore plus éloquent en effectuant une comparaison avec le CO2 émis par les automobiles: une alimentation biologique ou conventionnelle privilégiant la viande, le lait et les œufs produit par an et par personne autant de gaz à effet de serre qu’un trajet automobile de 4377 kilomètres. En revanche, une alimentation végétalienne avec des produits biologiques totalise une distance de 281 kilomètres.
La conclusion est sans appel: moins nous consommons de produits animaux, plus nous agissons en faveur du climat.

Les quantités de lait exigées des vaches laitières impliquent la nécessité de leur donner des médicaments contre les inflammations des pis. Les résidus de ces médicaments se répandent ensuite dans l’environnement.

Antibiotiques et hormones

Outre les conséquences écologiques de la production de viande déjà mentionnées ci-dessus, un autre aspect est encore négligé. Aujourd’hui, par une méthode d’élevage, des conditions de détention artificielles et un système de nourrissage inadaptés à leur espèce, les animaux de rente sont de plus en plus malades.

Aujourd’hui, dans beaucoup de pays, donner des antibiotiques à titre préventif chez des animaux sains est interdit. Cette interdiction a été rendue nécessaire, car administrer des antibiotiques, en plus de certaines hormones, comme partie d’une pratique fréquente pour l’engraissement, ont fait l’objet d’un mauvais usage. Mais donner des antibiotiques aux animaux malades reste autorisé comme précédemment. La promiscuité actuelle dans les élevages des animaux de rente a mené à généraliser les traitements aux antibiotiques. Bien qu’en Suisse les traitements à titre préventif d’antibiotiques aux animaux sains soient interdits depuis 1999, une étude effectuée en 2004 a mis en évidence que 90% des veaux suisses étaient traités aux antibiotiques. Chez les vaches laitières, administrer des antibiotiques est aussi très fréquent, en raison de la sollicitation importante des pis des vaches laitières produisant de grandes quantités de lait et l’extrême fragilité de leurs mamelles, et par conséquent de fréquentes infections (mastites). C’est pourquoi, dans les produits animaux destinés à l’alimentation humaine, il y a eu des retards importants à la limitation des quantités d’antibiotiques. En avril 2005, une étude a été publiée par le Ministère allemand pour la protection des consommateurs, signalant pour la première fois la présence d’antibiotiques également dans les plantes alimentaires (céréales). Par les excréments des animaux traités aux antibiotiques, ces produits médicamenteux se sont ainsi disséminés dans l’écosystème. Bien que les valeurs mesurées soient en dessous du seuil de tolérance pour l’alimentation humaine, la permanence de telles petites quantités d’antibiotiques a entraîné une résistance à certaines bactéries, avec comme effet que les antibiotiques incriminés ont peu à peu perdu de leur utilité première. C’est aussi pourquoi des médicaments toujours plus forts ont été déve­loppés, qui à leur tour se répandent dans l’environnement et menacent toujours plus sérieusement l’équilibre de l’écosystème. Tous les médicaments et hormones (par exemple aux Etats-Unis où ils sont largement utilisés afin d’augmenter le rendement de la production de lait et de viande), administrés aux animaux, atterrissent tôt ou tard dans la viande, le lait et les œufs; ensuite, les matières fécales se répandent à leur tour dans l’environnement et aggravent encore la détérioration écologique. Les conséquences à long terme de ces pratiques ne sont pas encore évidentes et demeurent peu visibles.

Les poissons comme échappatoire?

Le temps des petits bateaux de pêche est depuis longtemps révolu.
L’exploitation des océans a été multipliée par huit entre 1950 et 2005; en 2005, plus de 141 millions de tonnes d’animaux de mer ont été pêchés. Nous consommons aujourd’hui quatre fois plus de poisson dans le monde entier qu’aux alentours des années 1950. Aujourd’hui, la pêche se fait au moyen de filets longs de plusieurs kilomètres pour répondre à cette demande massive. Etant donné la mise en péril de l’existence des poissons due aux excès de la pêche, on a vu naître au cours des dernières années des fermes d’élevage. Et avec cela, les mêmes problèmes écologiques sont apparus tels que décrits plus haut avec d’autres sortes d’animaux. On peut citer l’exemple suivant: un saumon d’élevage d’environ 4 kg ingurgite près de 400 g d’anti­biotiques jusqu’à son abattage. Dans le même temps, il lui est inoculé des médicaments contre les maladies, résultant de l’exiguïté des réservoirs et de la promiscuité régnant dans ces fermes. Le danger de contaminer les autres poissons était inévitable. Comme les antibiotiques ainsi que les autres médicaments et produits chimiques sont directement administrés dans l’eau des fermes, ces produits pénètrent rapidement dans l’éco­système. Les saumons sauvages se reproduisent normalement plusieurs kilomètres en amont de leur lieu de vie habituel. La détention des saumons dans les fermes d’élevage est si différente de leur vie naturelle que leur chair a perdu sa couleur rose (telle que les consommateurs la connaissaient). Pour y remédier, les éleveurs ont cru bon de leur administrer en supplément des colorants artificiels. Pire encore, les maladies touchant les poissons d’élevage se sont aussi transmises à leurs congénères en liberté et ont contribué à menacer l’existence même des poissons sauvages.

Même la viande des animaux marins ne présente aucune sécurité pour la consommation des humains.

La nourriture pour les poissons d’élevage provient elle-même de la mer. Pour obtenir un kg de poisson d’élevage, deux kg de poissons de mer sont nécessaires comme nourriture. Des quantités similaires sont aussi utilisées pour ce que l’on nomme «fruits de mer» comme les crabes, les crevettes etc. A côté de ce gaspillage, l’existence des poissons de mer est encore plus menacée par la capture de poissons servant à la préparation de farines qui atterrissent, dans une proportion de deux tiers, dans les mangeoires des animaux de boucherie terrestres. En Europe, au cours des dernières années, toujours plus de crevettes de différents types et de crustacés sont consommés. Cette pratique a conduit nombre d’exploitations à s’installer en bord de mer, où se trouvaient auparavant d’importantes forêts de mangroves. Les forêts de mangroves ont une fonction écologique de la plus haute importance: Elles amortissent les raz-de-marée et atténuent leur violence. Le tsunami de 2004 en Asie a causé d’énormes ravages, car auparavant les forêts protectrices de mangroves avaient été détruites pour faire place aux fermes d’élevage. Un exemple: a l’origine, il y avait aux Philippines plus de 500000 hectares de forêts de mangroves. Maintenant, il n’y en a plus que 36000 hectares. Le reste (environ 93%) a été converti en exploitations de crabes alimentant le commerce mondial. En plus des excès de la pêche en mer, les techniques de pêche sont devenues de plus en plus dures. Afin de pouvoir attraper les derniers

poissons, une nouvelle technique de pêche par charge explosive a été utilisée, endommageant les récifs de corail tout comme le font les énormes filets dérivants déployés en mer. Outre les nombreuses autres répercussions écologiques, la détérioration des récifs de corail empêche ceux-ci d’atténuer les effets des vagues géantes.

L’économie

Comment est-il possible que la consommation de viande augmente encore au niveau mondial, en dépit des conséquences dramatiques d’une alimentation basée sur les produits animaux? Hormis quelques raisons d’ordre psychologique et social largement dues aux effets de la publicité (par exemple: la viande donne la force etc.), il est un aspect qu’il ne faut pas sous-estimer: l’argent.
A première vue, cela paraît être un non-sens que dans des conditions normales, un secteur de l’économie qui provoque la destruction d’ali­ments et de ressources ne se soit pas déjà effondré. Les coûts de l’industrie mondiale de la viande ne sont, depuis longtemps, plus en rapport avec ses bénéfices.

Des coûts reportés sur les contribuables

Une des raisons pour lesquelles l’industrie de la viande se maintient est que si les revenus de ce commerce sont profitables à certains particuliers, les coûts en sont par contre reportés sur le public (donc sur les contribuables). Ce phénomène est bien connu pour d’autres branches de l’éco­no­mie, par exemple l’industrie de l’automobile. Il n’y a pas de transparence dans les coûts dans l’agriculture, qui ne sont pas répercutés sur les prix. Selon les estimations faites par le réputé Institut Worldwatch de Washing­ton, le prix de la viande devrait être doublé ou triplé si on prenait en considération les coûts incluant l’utilisation de l’énergie fossile, de l’eau de source, la pollution chimique du sol et l’émission de gaz comme l’ammoniac et le méthane. Ceci sans prendre en compte les dépenses découlant des maladies causées par la consommation de produits animaux.

Une folie subventionnée

Bien que la plus grande partie des coûts de production de la viande soit imputée au public (c’est-à-dire les contribuables), il n’y a toujours pas assez d’argent pour rendre la pro­duction de viande rentable économiquement. Alors, des interventions supplémentaires (sub­ven­tions) sont accordées afin que la production de viande soit attractive.
16% de l’ensemble des biens et des services produits (la valeur de la production) aux Etats-Unis font l’objet de subventions. En UE, 32% de l’en­semble des recettes agricoles dépendent de subventions directes ou indirectes. Ce chiffre est de 68% en Suisse. Il s’agit d’un taux les plus importants du monde! Seuls ces versements complémentaires «justifient» le maintien de l’élevage animal. L’industrie de la viande n’est pas seulement soutenue au niveau national, mais également international: depuis 1963 jusqu’à 1985, la Banque Mondiale a injecté 1,5 milliard de dollars dans l’industrie de la viande en Amérique latine, en grande partie pour financer les énormes élevages de bovins.

Source: http://www.vegetarismus.ch/info/foeko.htm 

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