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Journal d'un végétarien
3 novembre 2009

L'agriculture bretonne ébranlée par le phénomène des algues vertes

La récente volonté des autorités de lutter contre la prolifération des algues vertes porte un nouveau coup au modèle agricole de la Bretagne, une région devenue le premier producteur de France grâce à ses élevages industriels mais touchée par la crise.

A l'opposé des discours officiels d'usage, une note confidentielle du préfet des Côtes-d'Armor a mis le feu aux poudres en reprenant en substance les arguments développés longtemps par les associations de défense de l'environnement qui pointent du doigt la responsabilité des agriculteurs.

La diminution du fléau "ne pourra passer que par un changement profond des pratiques agricoles" sur les secteurs où les algues prolifèrent, analyse cette note rendue publique cette semaine.

ll faut donc "révolutionner les pratiques agricoles et changer complètement le modèle économique existant", poursuit le texte destiné au Premier ministre. Ces propos ont soulevé un torrent d'indignation chez les agriculteurs, la presse locale allant même jusqu'à évoquer un risque de "guerre civile".

"Y a-t-il un plan de suppression de 19.000 emplois en Bretagne?", s'est interrogée la puissante Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles (FRSEA).

Les environnementalistes qui ont souvent accusé la puissance publique de fermer les yeux, se félicitent, eux, du retour à "l'Etat de droit"."Il faut quand même se rappeler d'où on est parti" au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, rappelle Jacques Jaouen, président de la chambre d'agriculture de Bretagne. Une mission avait alors été impartie à la Bretagne: "nourrir la France et assurer son autonomie alimentaire".

L'objectif a été largement atteint, le "modèle agricole breton", un réseau de petites et moyennes exploitations performantes, est devenu "une référence au plan européen", selon M. Jaouen.

Avec 37.600 exploitations en 2008, les Bretons fournissent 56% des porcs français, 34% des poulets, 40% des dindes et 20% du lait. L'agriculture emploie directement environ 6% des actifs et à travers l'agro-alimentaire génère indirectement 30 à 40% des emplois de la région, relève Jean Ollivro, universitaire.

Cette agriculture marquée par une très forte concentration géographique des élevages a eu un coût environnemental, même si de gros efforts ont ensuite été faits: la pollution des cours d'eau vaut à la France des menaces de très fortes amendes de l'Union européenne; chaque été, les algues vertes envahissent les baies peu profondes.

Fin juillet, la mort d'un cheval sur une plage engluée par les algues vertes, puis le décès suspect d'un transporteur, ont brutalement accéléré la prise de conscience sur leur dangerosité lorsqu'elles se décomposent en dégageant de l'hydrogène sulfuré.

"Les agriculteurs ont fait des efforts énormes mais on voit bien qu'ils sont insuffisants pour enrayer un certain nombre de déséquilibres écologiques", souligne Gilles Huet, d'Eau et Rivières de Bretagne.

D'autant que le "pilier de l'économie bretonne" est fragilisé: avec les crises successives (lait, porcs, volailles, légumes), "on observe une base de plus en plus étroite d'agriculteurs menacés, qui portent un poids de plus en plus considérable pour l'ensemble de l'économie régionale", explique Jean Ollivro.

Un point fait l'unanimité: même si les pollutions agricoles étaient stoppées, il faudrait des années pour retrouver un équilibre naturel.

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